I. RECHERCHE
Ma recherche a pour fondement de multiples enquêtes linguistiques de terrain à travers les cinq continents,
conjuguée avec une vaste approche bibliographique ainsi qu’avec de constants échanges scientifiques
internationaux. Elle comporte quatre volets essentiels : la linguistique générale, la typologie,
la sociolinguistique et les domaines linguistiques particuliers. En linguistique générale, j’examine
la théorie linguistique, ainsi que la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique, la
pragmatique, la théorie de la traduction, l’origine du langage et des langues, et l’histoire de la
linguistique. En typologie, je m’intéresse aux types de langues, aux universaux de langues et à la
grammaticalisation. En sociolinguistique, je m’attache à la réforme et la planification des langues,
au statut et à la fonction des langues, à l’enquête de terrain, ainsi qu’à la créolistique, aux langues
mixtes, aux langues juives, et à la mort des langues. Quant aux domaines linguistiques particuliers, ils
couvrent : la linguistique française, indo-européenne, ouralienne, sémitique, africaine, amérindienne,
sino-tibétaine, et austronésienne. Mes recherches portent plus accessoirement sur des questions de
sémiologie et de sémiotique littéraire, ainsi que de philosophie du langage. Dans leur ensemble, ces
recherches font régulièrement l’objet de publications (livres, articles, comptes rendus) et/ou de
communications (une bibliographie exhaustive se trouve sur mon site : http://claude.hagege.free.fr)
II. ENSEIGNEMENT
La linguistique générale se propose pour objet d’étude le langage comme faculté définitoire de
l’être humain, et les langues comme manifestation historique et sociale de cette faculté. Ma chaire
au Collège de France, que j’occupe depuis1989 et dont l’intitulé est « Théorie linguistique »,
illustre cette polarité. En effet, au centre se trouve le langage, étudié à travers les thématiques
de l’acquisition par l’enfant sur fond de compétences innées et avec l’apport de l’environnement
social et d’autre part les langues, étudiées dans leur diversité. La diversité est mise en relief
par l’étude typologique, c’est à dire la recherche des types de langues dans les domaines
phonologique, morpho-syntaxique et sémantique ; cette répartition typologique peut coïncider
ou non avec les parentés génétiques, c’est à dire l’appartenance des diverses langues humaines
à une des grandes familles : indo-européenne, sémitique, ouralienne, altaïque, bantoue,
caucasique, amérindienne, sino-tibétaine, austronésienne, etc. Le contenu symbolique des langues
correspond à leur pouvoir identitaire, à savoir au reflet qu’elles offrent des nations les plus
variées. L’attachement de ces dernières à leurs langues est le plus souvent très puissant et
peut être générateur de conflit.
Mes quatre dernières années d’enseignement au Collège de France ont porté respectivement sur quatre
thématiques. Durant 1999-2000, j’ai tenté de cerner ce que pourrait être une vision réaliste des faits
de langue, à travers le rôle du contexte dans la définition des catégories, et la révision de
l’opposition entre rapports associatifs et rapports syntagmatiques. En 2000-2001, j’ai examiné six aspects
différents des reflets des relations interindividuelles et sociales dans l’énoncé linguistique :
l’illusion de l’autonomie syntaxique ; la morphosyntaxe sous la dépendance des faits sémantiques ;
la morphosyntaxe sous la dépendance des faits pragmatiques ; la relation dialogale comme domaine exclusif
d’emploi pour certains morphèmes ; l’extinction des langues ; et enfin la dyshyponoèse, esquisse d’une
hypothèse sur les bases neurologiques des commandes pragmatiques des faits de langues. L’année
universitaire 2001-2002 a été celle d’une introduction à une étude linguistique des affects : après
avoir posé mon objet d’étude, j’ai présenté l’expression des affects dans la conversation quotidienne,
puis je me suis interrogé sur l’existence de structures exclusivement assignées par les langues aux
énoncés affectifs. Dans la continuation de cet enseignement, l’année 2002-2003 a été consacrée à un
essai de typologie des affects : après délimitation du champ, j’ai étudié tour à tour le cas des
marquages spécifiques des affects et d’absence de marquages spécifiques des affects.
Mon enseignement se déploie par ailleurs depuis 1977 à l’EPHE, IVe section, dans le cadre de ma
Direction d’Etude, intitulée « Linguistique structurale ». Il a porté essentiellement, pour les quatre
dernières années, sur des faits de syntaxe, de sémantique et d’énonciation.
III. Activités et responsabilités scientifiques
Hormis les missions et enquêtes de terrain mentionnées précédemment, mes activités et
responsabilités scientifiques prennent la forme de multiples conférences et sessions d’enseignement
en tant que Professeur invité en France et à l’étranger, ainsi que de ma présence en tant que membre
d’instances de décisions en matière de publication. Elles consistent aussi à assumer le rôle de président
d’associations et de comités scientifiques, comme celui de la Société de Linguistique de Paris, ainsi
que le rôle de directeur, rapporteur, ou membre de jury de thèses de doctorat consacrées à diverses
langues des cinq continents et à de nombreuses problématiques théoriques en linguistique moderne.
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